HISTOIRE DE FAIRE LE POINT...

HISTOIRE DE FAIRE LE POINT...

J'ai toujours pensé que les premiers mots qu'on prononce ou qu'on écrit sont toujours les plus importants. Les premiers mots de quoi? De n'importe quoi. Les premiers mots que vous adressez à une fille qui vous plaît, à un type qui veut vous casser la gueule, ou à votre inspecteur des impôts qui veut consulter vos relevés de banque.

Les premiers mots sont déterminants dans toute les circonstances de la vie, pour séduire la fille, éviter le pain dans la tronche ou ne pas finir en tôle.

Les derniers aussi, du reste, ceux qu'on prononce sur son lit de mort, si on veut faire son petit effet, ou si on espère qu'on se les répétera entre ceux qui resteront.

Entre les premiers mots et les derniers, suffit de meubler, c'est beaucoup moins important.

Pour un blog, cette règle intangible ne fait pas exception. Dès les premiers mots vous saurez si votre curiosité sera éveillée ou pas, quand vous y passerez par hasard, et cela conditionnera la suite des événements. Et il y aura peu de chance que vous changiez d'avis ensuite. Car tout est déjà dit en quelque sorte, avant même qu'on ait dit quoi que ce soit. C'est la raison pour laquelle il m'est difficile d'en changer, maintenant, car il est déjà trop tard...

Vous êtes toujours là?

Merci. Revenez souvent. J'essaierai de vous raconter... Quoi, au fait? Tout ce qui me passe par la tête, ou le coeur, ou le reste. Je me présente. Je m'appelle Christian Godard et je fais de la bédé. Si le hasard des choses a fait que vous m'ayez déjà lu par ci, par là, et pour parfaire ma présentation, je vais vous raconter la première fois DE MA VIE ou j'ai rencontré un dessinateur de bande dessinée... Cette rencontre devait conditionner le reste de mon existence et vous allez comprendre pourquoi...

A cette époque là, j'avais seize ou dix-sept ans environ, et je m'entraînais dans un salle de musculation (j'en avais bien besoin) rue Saint Georges dans le 9° à Paris, la salle Marcel Rouet, du nom d'un culturiste bien oublié aujourd'hui. C'est là que je devais y faire la connaissance plus tard, beaucoup plus tard, de Mario David, qui s'y entraînait aussi, et qui, devenu acteur, joua dans la pièce « Oscar » de Claude Magnier aux côtés de Louis de Funès. C'est ainsi que je fis la connaissance, par son intermédiaire, de Michel Audiard, et que je fus invité par lui à travailler longuement sur un projet de film tiré de mon roman « Pavane pour un catcheur défunt », avec Fufu dans le rôle titre de matchmaker, film qui ne se tourna jamais.

Quel rapport avec le début de ma présentation ?

Aucun. C'est le problème avec la mémoire. C'est elle qui commande, et elle zigzague. Et je la laisse divaguer si ça lui chante, puisque c'est MON blog et MA mémoire. Donc, j'ai seize-dix-sept ans, et je rêve depuis toujours de faire de la bande dessinée. Mais j'ignore totalement comment on s'y prend. Et là entre deux séries de développés couchés, je fais la connaissance d'un charmant garçon qui dessine merveilleusement des athlètes faisant des exercices dans une revue spécialisée de culture physique. Toujours et uniquement des athlètes exécutant des mouvements pour développer ceci ou cela. Debout ou couchés. Avec des barres entre les mains ou des haltères courts. On discute un peu. Je le félicite sur ces dessins d'athlètes. Je sollicite ses conseils. Pour moi, c'est un dessinateur PUBLIÉ!!! Mot magique... Une sorte de médaillé, en somme. Il demande à voir mes premiers essais, que je lui apporte dans les vestiaires, et que je déploie sur un banc au rendez-suivant. Et là, j'ai la première déconvenue sévère de ma vie. Il a apporté ses projets « à lui », et me les montre aussi. Histoire de répondre à ma demande de conseils. On compare. Je prends la mesure de la différence entre ce qu'il sait faire, et tout ce qu'il faut que j'apprenne pour être bon à quelque chose. J'admire, CAR IL A DU TALENT, beaucoup de talent, même, et je demande quand ça va paraître...

• Jamais. Rien à faire.

• Comment ça, rien à faire. (je suis ahuri)

• Refusé partout...

• Allons donc!(J'insiste)

• J'ai essayé dix fois, je te dis! Que dalle!

• Mais pourquoi?

• Impossible de passer. La bande dessinée, c'est... Il faut que tu le saches, mon vieux, ça t'évitera de perdre ton temps. C'est impossible! C'est...

• Mais c'est quoi?

• ... C'EST UNE MAFIA!

Le terme était définitif. Obscur, mais asséné avec une conviction monolithique. Une mafia, le terme résonne encore aujourd'hui à mes oreilles...Totalement convaincu, KO debout, il m'a fallu plusieurs années pour m'en remettre. En fait, jusqu'à ce que je rentre du régiment.

Nous nous sommes revus une fois, plus de trente ans plus tard. Entre temps, j'avais eu le temps de publier une centaine d'albums. Lui dessinait toujours des athlètes nus dans des revues de culture physique.

Je serais bien en peine de vous expliquer pourquoi.

La prochaine fois, je vous raconterai le destin de cette fameuse salle de culturisme, la salle Marcel Rouet, et l'histoire du trou dans le mur des douches. Ca vaut le coup...

Comments

[Pilotezero]

De toute façon il y a prescription, et depuis.. le trou a été bouché !

[Mariano]

Houla ! Va falloir mettre le rectangle blanc !



;o))

[blogodard-ch]

Alors tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, alors?

Je vais bientôt vous raconter l'histoire du trou dans le mur des douches de la salle de sport.

Merci Mariano,



Ch

[Mariano]

@ où l'on aime davantage les images que les mots.



Il ne faut pas croire cela, cher Christian. Lorsqu'on aime la Bande Dessinée, on s'intéresse aussi à "Comment ça se fait ?" et à "Qui est derrière cela ?".

Il n'est pas facile, pour tout à chacun, de rencontrer les auteurs.

De fait, lorsqu'à l'occasion d'une monographie, d'une intégrale avec rédactionnel, d'un blog, nous en apprenons sur l'oeuvre et sur le ou les auteurs, cela nous satisfait grandement.



;o)

[xav kord]

Bonjour M. Godard... et ravi de l'existence de ce blog (pas très original, mais maintenant, il s'agit de vous motiver à le faire vivre !)

J'ai commencé par "La Jungle en folie", puis j'ai découvert "Norbert et Kari" et surtout, surtout, "Martin Milan" et "le Vagabond..."

J'attends avec impatience la suite...