MACROÉCONOMIE ET MACROPHAGE SONT DANS UN BATEAU...
Il faut que je vous raconte ma journée d'hier. J'étais à une centaine de kilomètres de Paris, à Saint-Martin-les Égliettes, où je rendais visite à un grand ami à moi. Il se nomme Martin, oui, comme le mien, mais ce n'est pas la raison. Il approche de la retraite est en très heureux, car il travaille dans un élevage intensif de poulets. Hélas, c'est un homme d'une sensibilité extrême, qui élève des pigeons voyageurs pour le plaisir, recueille les chiens perdus et les soigne quand ils en ont besoin, et entretient ses trois ruches. Il vit une sorte de torture quotidienne, dans son usine, en badigeonnant à longueur de journée des poulets déplumés pendus par les pattes arrière et pas tout à fait morts. Bien obligé, car il n'y a que cette usine-là, dans un rayon de 50 kilomètres. Hier, mon ami Martin était particulièrement remonté.
-T'as vu, Christian, qui ils ont mis ministre de l'économie? Un type qui sort de chez Rothschild et qui s'appelle Maquereau!
-Mais, non, intervins-je, pas Maquereau, voyons, Macron!
-C'est ce que je dis, oui!
-Pas du tout! M, à, c, r, o, n, épelai-je consciencieusement.
-Macron, Macro, c'est pareil! Et t'as vu ce qu'il a osé dire?
-Non, de quoi tu parles?
-Ce type, millionnaire à ce qu'on dit, à 38 ans, il a osé diii... creuh – chreuh..
J'avais oublié de préciser que, lors de cette conversation dans sa modeste salle à manger, nous étions en train de prendre l'apéritif du soir. Enfin, lui, pas moi, car je ne bois pas. Et il venait de s'étrangler en avalant une gorgée de Pastis... Il lui fallu un certain temps pour retrouver l'usage de la parole.
-Ahkreuuu... Il a osé parler de nous, kreu... dis, nous les pauvres, reprit mon amis avec ses quatre chiens autour de lui, il a osé nous traiter d'analpha-bètes!
-Non, pas analphabètes. Illettrés.
-Oui, ben c'est pareil. Et c'est une honte, moi je dis.
-Ce n'est pas très malin en effet.
-Et tu veux, mon avis?
-Ben oui, plutôt deux fois qu'une!
-Eh bien, quand on s'appelle Macro, je lui réponds: Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme... En variant le ton, —par exemple, tiens:
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Agressif : « moi, monsieur, si j'avais un tel nom , Il faudrait sur le champ que je me le désam-pétasse ! »
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Amical : « mais il doit tremper dans un sale coup, c'est sûr, pour paraître, faites-vous fabriquer de faux papiers,
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Prévenant : « gardez-vous, votre identité entraînée par ce poids...
Je dus le couper car, je savais d'expérience que, quand il était lancé dans Cyrano de Bergerac, on en avait pour des heures... Pour le faire changer de conversation, je lui mis la main sur la bouche.
-Au fait Martin, t'es au courant? Sarkozy revient!
-Oui, je sais, soupira mon ami, l'air soudain très fatigué, les Macro, ça va, ça vient...