LE COUP DE LA CHAUSSETTE

8 avril 2014

Il se trouve que j'ai un vieil ami qui est proche des arcanes du pouvoir, et qui m'a raconté ce que Hollande aurait dit à Valls, peu avant que ce dernier soit nommé. Voici comment les choses m'on été rapportées:

--Entrez, Monsieur Valls, je vous en prie,

--Heu, on ne se tutoie plus, François?

--Non. Désolé, mon vieux, mais il faut qu'on passe aux choses sérieuses. Asseyez-vous.

--Merci, Fr-fr-fr... Monsieur le Président....

--J'ai besoin de vous, Valls.

--Je suis à votre disposition, Monsieur le Président, disposition pleine et entière et...

---Trève de blabla. Déchaussez-vous et retirez l'une de vos chaussettes.

--Plaît-il?

--Aaah, ne commencez pas à discuter. Le temps presse, donnez-moi l'une de vos chaussettes, n'importe laquelle.

--Si c'est pour un dépannage, je veux bien me séparer des deux...

--Suffit, Valls! Votre chaussette, je vous prie...

Un peu désemparé, Valls se déchausse et retire une de ses chaussettes:

--C'est du fil d'Ecosse, Monsieur le Président...

--Je m'en fiche, vous vous imaginez que je vous ai convoqué pour parler chiffons?

--Ben, c'est-à-dire que...

Le président a pris la chaussette du pied droit de Manuel Valls, l'a retournée entièrement, à l'envers, et la lui tend à nouveau:

--Et maintenant, remettez-là!

--A l'envers?

--C'est ça, à l'envers.

--C'est que... C'est un pari? Si c'est pour me mettre à l'épreuve, et vérifier si je suis …

--Pas du tout. Ça y est, vous l'avez remise?

--Oui, Monsieur le Président.

--Vous sentez une différence?

--Pas la moindre, vu que c'est du fil d'Ecosse et que...

--Fichez-moi la paix avec votre fil d'Ecosse. Elle a un endroit et un envers. Et pourtant, il n'y a pas de différence, vous me suivez?

--Heu, pas vraiment.

--Eh bien, c'est pour ça que j'ai décidé de vous nommer Premier Ministre.

--AAAAh, merci, Monsieur le Président, je vous avoue que j'y pensais un peu. Je suis flatté. Ma chaussette également.

--Décidément, vous n'entendez rien à la politique, Valls. Réveillez-vous, mon vieux. Je vous nomme pour que vous meniez ce que j'appelle, en mon for intérieur, la « politique de la chaussette »...

--La po-pooo...

--Parfaitement. Vous allez comprendre. Jean-Marc Ayrault, il était comment?... Ne répondez-pas, ça gagnera du temps. Il était grand, vous êtes petit. Il avait les cheveux blancs, vous les avez noirs. Il avait le verbe modeste. Vous êtes cassant. Il marchait lentement, vous cavalez, bref! Il était l'endroit, je vous nomme parce que, par rapport à lui, vous êtes son envers...

--L'envers de quoi?

--De la chaussette. Parce que, que ce soit à l'endroit ou à l'envers, c'est?... C'est...?

--Heu...

--Ben c'est pareil. On a l'impression qu'on a décidé de changer de cap, et pourtant c'est toujours la même chose. On peut annoncer tranquillement qu'on va faire le contraire de ce qu'on faisait, mais on se contente de retourner la chaussette. Voilà! Vous avez compris?

--...Je crois, Monsieur le Président...

--Bon. Vous êtes Premier Ministre, maintenant, alors souvenez-vous! A chaque fois que vous vous demanderez ce que vous devez faire... La chaussette!

Voilà comment, selon mon ami (qui est bien introduit dans les allées du pouvoir), les choses se seraient passées, entre le Président de la République et Manuel Valls. Et je n'ai aucune raison d'en douter. C'est la raison pour laquelle, quand l'Assemblée Nationale sera réunie au grand complet pour voter, j'invite tous ceux qui voudront le faire CONTRE, et non POUR, à manifester bruyamment leur désaccord, je les invite, disais-je, à le faire aux cris de ralliement de:

--LA CHAUSSETTE, LA CHAUSSETTE, LA CHAUSSETTE...

(Sur l'air des lampions).